Sur la rive droite de l'Escaut.
Après avoir évoqué les rues commerçantes de la rive gauche de l'Escaut, nous franchissons le pont (Notre-Dame) pour visiter aujourd'hui la rue Royale.
Débutant à la place Crombez, cette rue est la toute première empruntée par les visiteurs qui arrivent à Tournai par le train. Elle leur permet, dès la place Crombez franchie, de découvrir les cinq clochers de la cathédrale Notre-Dame. Sa longueur est identique, à quelques mètres près, à celle de la rue Saint-Martin. Elle est entièrement dévolue au commerce et, si même elle présente quelques cellules commerciales vides, elle semble un peu moins souffrir du phénomène actuel des vitrines vides comme c'est surtout le cas à la rue de l'Yser ou au piétonnier de la Croix du Centre.
Un peu d'histoire.
Il est inutile de rechercher l'histoire de la rue Royale dans le livre de Bozière, "Tournai, Ancien et Moderne" car, à l'époque de sa parution, en 1864, elle n'existait pas encore.
Son histoire débute avec le démantèlement de l'enceinte communale décidé en 1863 et réalisé à partir de 1865 et avec la construction de la gare, oeuvre de l'architecte Beyaert à son emplacement actuel. Celle-ci sera inaugurée le 24 août 1879 par la famille royale. Alors créée depuis peu, son nom de rue Royale lui a été conféré par le Conseil communal en date du 29 avril 1876. A cette occasion, il est précisé que cette appellation sera également donnée à la rue des Jardins dans la partie située depuis l'ancienne rue Codieau (à hauteur de la rue des Campeaux) et le pont Notre-Dame.
Les commerces disparus.
En 1904, un dénommé Frédéric Vorwerk y tenait une quincaillerie dénommée "A la Bêche d'Or", elle était située à l'angle de la rue des Jardins. On y vendait des articles en provenance d'Allemagne, d'Amérique, d'Angleterre, de France et, bien entendu, du pays. Au n° 16, le magasin "A la Ruche d'Or"était tenu par le droguiste Louis Mercier. Au n° 34, on trouvait déjà la Maison Smets spécialisée en instruments de musique et particulièrement en pianos. On notera qu'une fabrique d'instruments de musique en cuivre et en bois, la Maison Louis Mahieu, fondée en 1890, était située dans le bas de la rue Royale (sans précision d'adresse), le propriétaire de cette maison se proclamait fournisseur de l'armée, des Conservatoires et des Missions du Congo. Les anciens Tournaisiens se rappelleront le magasin situé au n° 23, il était tenu à l'époque par le photographe Jules Messiaen (père), il traversera le siècle. Ce qu'on sait moins c'est que cette maison vendait également, au début du XXe siècle, des bonbons et de la pâtisserie. En face de chez Jules Messiaen se dressait déjà l'imposant immeuble de la Banque Nationale. Au n° 30, la Maison Vilain proposait des conserves, des fruits et primeurs, du gibier, de la volaille, des vins et liqueurs mais fabriquait également des moutardes fines et ordinaires. Au n° 35, le pharmacien Camille Jadot précisait dans ses publicités : "exécution soignée des prescriptions"! Cette maison sera par la suite transférée à la place de Lille. A cette même époque, au n° 82, le négociant J. Langlais-Kière offrait à la vente des chocolats et produits similaires de l'Union des Patrons Epiciers de Belgique.
En 1912, au n° 31, la librairie Léon Delattre propose des journaux, livres, publications diverses ainsi que des cartes postales illustrées et vues diverses. Cette maison précise qu'elle porte la presse à domicile.
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Le Grand Bazar Parisien.
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En 1906 existe au n°33, entre la rue De Rasse et de Monnel, le "BazarParisien" tenu par Mr. A Gallichet. En 1929, ayant pris le nom de "GrandBazar Parisien", le bâtiment s'est agrandi et occupe alors les immeubles situés au n° 31 et 33. Il sera rasé lors des bombardements de 1940. A la place se dresse actuellement le magasin "Belgique Loisirs". qui a succédé à la "Supérette Crombez".
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A l'angle de la rue Beyaert, on découvrait également le "Grand Bazar National", un bâtiment qui fut occupé, il y a quelques décennies par la firme Servagri, spécialisée en outillage de jardin et ensuite par le chausseur Rombaut.
En 1923, au n° 64, se situe le magasin de G. Dubois spécialisé en éclairage, chauffage et force motrice, une maison fondée en 1908.
Entre 1927 et 1932, à l'angle des rues Royale et Beyaert, Michel Vanden Broecke, alias Chelmy, patron du Palace, y tenait une taverne et hôtel (NDLR voir l'article qui lui a été consacré). Ce bâtiment abrite désormais, au rez-de-chaussée, le café "Chez Pech" et à l'étage des appartements. L'immeuble a été, malheureusement, le théâtre d'un fait divers tragique survenu il y a quelques années, lorsqu'un homme est décédé en se défenestrant en raison d'un incendie au dernier étage.
A cette époque, un autre hôtel, café, restaurant avait pour enseigne : "le Café Vénitien".
Les bombardements de 1940 vont détruire la plupart des maisons que nous venons de citer. Il ne restera que des façades, ultimes témoins des commerces qui donnaient vie à cette artère. Lors du bombardement de mai 1940, cinq personnes y perdirent la vie : le 16 mai, Mme Joséphina Simons d'Anvers, 49 ans, Mr Jean-Baptiste Boucart, de Bruxelles, 55 ans, Mr Fernand Casterman, de Tournai, 59 ans, le 20 mai, Mme Juliette Waroquier de Tournai, 56 ans et Mme Marguerite Bonvarlet de Tournai, 54 ans.
De nouveaux commerces.
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le magasin "A la ruche d'or"à l'angle de la rue des Jardins, en face le magasin Singer qui déménagera par la suite
Jusqu'à l'aube des années 2000, le commerce de la rue Royale sera florissant. Actuellement on y trouve encore l'enseigne, "A laruche d'Or", droguerie Mercier au n°16 (voir photo ci-dessus), immeuble désormais occupé par une de ces nombreuses agences de travail intérimaire qui foisonnent en ville, le photographe Jules Messiaen (fils) au n° 23, la Maison Smets, instruments de musique, au N° 34, la "Banque Nationale", immeuble désormais occupé par la "CBC Banque" au n° 64, la "Société Générale" devenue "BNP Paribas" au n° 83. On a vu apparaître, entre autres car la liste n'est pas exhaustive, : le magasin Toubon, spécialités alimentaires de tous pays au n°1, bâtiment aujourd'hui occupé par une agence immobilière "Carré Immobilier", un magasin d'articles religieux, bougies... au n° 2 qui, selon certaines sources, aurait été tenu par la soeur du chanoine Dumoulin, bâtiment aujourd'hui occupé par un magasin de nuit, à côté, la "Maison Delneste", encadrements..., la Maison "Lintex", fine lingerie, au n° 3, immeuble occupé désormais par la sandwicherie "Pas sans Toi" , la parfumerie "Blondez" au n°5, le restaurant chinois "Kow Loon", fermé depuis quelques années, le magasin "Qualité", tout pour enfant au n°11, l'opticien "Nitelet", au n°12, l'agence immobilière "GIT" au n° 14 b, la Maison "Raymond Bariseau", radio-télé au n°15, devenu la brasserie "le Picardie", la boucherie-charcuterie "J.Vandaele" au n° 17, immeuble occupé aujourd'hui par une société de prêts "Auxifina", la boulangerie "CharlesLesaffre" au n° 18, reprise par le boulanger "Vienne" et devenue par la suite "Maximilan's Bakery", le restaurant asiatique "Sumo" au n° 19, le restaurant chinois "Pékin" au n° 21, Photoplan Eclair" devenu "Scol'Art création" au n° 23, "Au Royal", spécialiste des vins, spiritueux, champagnes... au n° 25, "Partners Assurances" au n° 28, "l'Imprimerie Royale" au n° 30, le fleuriste "Flore-Home" au n° 35, la "Maison Belin" au n°38, devenue par la suite les établissements "Merchez", spécialiste audio-visuel. Suite à la fermeture de ce dernier, le magasin est en cours de transformation et sera prochainement occupé par une autre agence de travail intérimaire "Konvert", le restaurant "la Médina" au n° 37, le "Comptoir général d'Horlogerie Suisse" tenu par Maurice Cainck-Mary au n° 40 (à l'angle de la rue du Sondart), la mercerie, chemiserie, ganterie, les "Magasins Réunis", aux n° 42-44, le n° 42 est désormais occupé par le restaurant "Pitta Cléopatra", la pizzeria "Villa Réal" au n° 46, le chauffagiste "Steuve" au n°48 devenu le salon "EcoChic Coiffure", la "Maison Jeudy", décoration, antiquités, "Clair et Net opticien" au n° 49, "Belgique Loisirs" au n° 51, la boulangerie-pâtisserie "Bruynhooge" aux N° 50-52, "Vivaldis" agence intérim au n°54, "Adventure House III, articles cadeaux, au n°55, le nettoyage à sec "Nett-Eclair" au n° 57, la pharmacie "Holvoet" au n°62, dont la façade rappelle les officines du temps jadis, la librairie "Press-Shop" au n° 63, la pharmacie "De Timmerman" au n°65, la "BeoBanque" au n° 64, le magasin "Singer" au n° 68 qui a succédé au magasin de vente de matériel de bureau Demillecamps, la boucherie-charcuterie "Jean Vandehemel" au n° 68 bis, la banque "Jules Joire", d'abord devenue "CBC Banque" et cédant les locaux à "Ethias" au n° 71, la "Haute Couture Selection" au n° 75 occupé ensuite par le dentiste Chamart, la "Maison Chanteclair", disques, radios, enregistreurs, guitares tenu par Mr. Coudoux, au n° 76 devenue "Beauty Non Stop", la boucherie-charcuterie "Guerin" au n°78, la sandwicherie "Dog sandwich" au n° 82, "Crédissimo Hainaut" au n° 85, le Centre PMS provincial au n° 87, le coiffeur "EasyStyle" au n° 91, la pâtisserie "Delhaye" au n°95, successeur de la boulangerie pâtisserie Ballegeer, l'opticien "Charles Fritz" au n° 97 devenu l'optique "Desmet", l'épicerie "Royale Primeur" au n° 99, le fleuriste "Jean-Pierre Caudrelier" au n° 101, devenu "Art-Floral Desablens", la "Friterie Royale" au n° 103, la banque "Belfius" aux n° 105 à 109, le photographe "Photo-Rob" au n° 111, Les pizzas "LaRégina" au n° 115, "Couture et Retouches" au n° 117, "Tout pour l'auto" René Duwelz, au n°121, bâtiment aussi reprit par un organisme financier qui après fusion est devenu "Fintro".
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Qui se souvient encore du café "La Cave de l'Aigle", celui-ci accueillait de nombreux promeneurs dans les années cinquante et soixante, il s'appelle désormais "Les Coquelicots" et est à remettre. Qui voit encore le magasin "Discomatic-Shop" remplacé par un magasin "Carrefour Express" face auquel se retrouve, quotidiennement, une bande de marginaux accompagnés de leurs chiens qui y refont probablement le monde. Après deux tentatives infructueuses, le restaurant "Le Réfectoire" a fermé ses portes et attend un éventuel repreneur. On se rappellera aussi la "Maison Marvan", confection hommes, devenu "Christiansen", jouets pour enfant, le magasin "Pacherchic", confection pour dames, "Chauss'Beau" chaussures pour hommes et dames occupé désormais par un magasin de confection, chaussure et sacs chinois "Miss Jin", le "Bloc d'écume" rendez-vous des fumeurs notamment de pipes, le coiffeur "Delhoye", le bureau de comptabilité tenu par Jean-Pierre Tricot, trop tôt disparu, la boulangerie Debillemont etc...
Et maintenant ?
La dernière rénovation de la rue Royale date d'un peu plus de trente ans. Depuis lors les travaux réguliers pour la pose d'impétrants et la circulation automobile de plus en plus importante ont malmené son revêtement en pavés. Le parking n'y est pas toujours aisé. L'administration communale a pour projet de rendre à cette entrée de ville un aspect plus convivial et des travaux sont prévus pour les années à venir.
(sources : "Histoire de Tournai" de Paul Rolland, ouvrage paru en 1956 - "Tournai sous les bombes 1940-1945" d'Yvon Gahide, ouvrage paru en 1984 - "Le démantèlement des fortifications de Tournai et ses conséquences" de Robert Sevrin, étude parue dans les Publications extraordinaires de la Société Royale d'Histoire et d'Archéologie de Tourna en 1985 - "Tournai" de Jacky Legge et Marc Secret, dans la collection Mémoire en Images, ouvrage paru en 1998 - "Tournai, un siècle de chocolatiers 1850-1950" d'Anne-Florence Biltresse, ouvrage paru en 2011 et recherches personnelles sur le terrain. Documents photographiques fournis par Jacques de Ceuninck et Jean-Faul Foucart que je remercie).
S.T. juillet 2016.